SEPTEMBRE 15o3.                                5lJ
avoit eu quelque- volonté de tuer le fiearnois. Ce que jamais ne lui fust eschappe, s'il eust esté bien sage.
Le mecredi 8 de ce mois, le prieur des Carmes, qui preschoit à Saint-André, apela le Roy par plusieurs fois coquin ; dit qu'il se mesloit de faire faire le proces aux autres, mais qu'on lui feroit bientost le sien; incita le peuple à s'en desfaire, et demanda s'il y avoit point à Paris quelque cœur genereux, ou masle ou femelle, qui nous peust delivrer, comme ceste bonne dame Ju­dith, des mains de ce tyran d'Holopheme.
Commolet, ce jour mesme, dit en son sermon qu'il leur avoit autrefois prédit la guerre, preschant en une des plus célèbres paroisses de Paris, lorsqu'on estoit en plaine paix, et qu'il n'y avoit aucune apparence d'y pen­ser; et ce, d'autant qu'il voiioit le peuple fort desbau­che, et froid à servir Dieu. Aujourd'huy qu'on retour-noit aux desbauches plus que jamais, il leur en predi-soit autant, voire une guerre de cent ans, au lieu de la paix qu'on se promettoit au bout de la treufve ; que pour son regard de lui, H estoit François, et ne pou­voit autrement qu'il ne la desirast, mais qu'on ne l'aiir roit point : dont il estoit bien marri.
Le dimanche 19 de ce mois, à cinq lieues de Paris, entre Cortabœuf et Ors^prés du village de Palaiseau, fust trouvé emmi les champs (0 un pauvre, chaudron­nier mangé des loups. Son corps estoit d'un costé, et ses outils et chaudrons de l'autre.
Ce jour, Guarinus prescha la ville d'Orleans plus he­retique beaucoup que celle de Geneve, pour ce qu'elle demandoit ouvertement la continuation de la treufve.
Le jeudi a 3 de ce mois, arrivèrent les nouvelles à
(-) Emmi les champs : aa milieu de* champs.
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